1. Contexte économique général
Selon les dernières analyses de la Banque mondiale, l’économie malgache connaît une reprise progressive après le choc causé par la pandémie de COVID-19. En 2024, le taux de croissance du PIB est estimé à 4,2 %, tiré principalement par la relance du secteur des services et par les investissements privés. Toutefois, cette croissance reste insuffisante pour générer une amélioration significative des conditions de vie de la population. Les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, piliers traditionnels de l’économie, peinent encore à retrouver leur niveau d’avant 2020.
La pauvreté demeure structurellement élevée : 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté international (2,15 USD/jour). La faible productivité des entreprises locales limite la création d’emplois de qualité. Par ailleurs, le développement du pays est freiné par des infrastructures défaillantes, une mobilisation fiscale insuffisante (10,8 % du PIB en 2024 contre 18,9 % en moyenne en Afrique subsaharienne), une forte vulnérabilité aux aléas climatiques et des défis persistants de gouvernance (corruption, opacité des procédures, lourdeurs administratives).
2. Le tourisme comme moteur de relance économique
Dans ce contexte, le secteur du tourisme s’impose comme un vecteur de croissance stratégique. En 2024, Madagascar a accueilli 308 275 visiteurs internationaux, un chiffre en nette progression par rapport à 2023 (259 850) et supérieur aux niveaux prépandémiques de 2019 (274 000). Cette dynamique positive est notamment portée par le développement des liaisons aériennes internationales, avec l’arrivée récente de compagnies majeures telles qu’Emirates en septembre 2024.
Le tourisme se distingue par son effet multiplicateur sur d’autres secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration, le transport, l’artisanat et les services aux voyageurs. Il constitue ainsi une source essentielle d’emplois, notamment au bénéfice des communautés locales.
3. Contribution du tourisme à l’économie nationale
– Le tourisme et les activités connexes ont contribué à 1 point de pourcentage de la croissance du PIB en 2024.
– Le secteur des services, incluant le tourisme, a représenté 1,9 point de la croissance économique totale (4,2 %).
– Madagascar présente un potentiel touristique sous-exploité. À titre de comparaison, l’île Maurice accueille plus de 1,3 million de touristes chaque année.
4. Impact sur l’emploi et la réduction de la pauvreté
Le tourisme est l’un des rares secteurs à pouvoir créer des emplois directs et indirects dans les zones rurales, où vivent environ 80 % des personnes en situation de pauvreté. Une meilleure structuration et professionnalisation du secteur permettrait de doubler voire tripler le nombre de visiteurs, avec des retombées économiques significatives.
5. Principaux obstacles au développement du secteur
Malgré son potentiel, le développement du tourisme à Madagascar fait face à plusieurs freins majeurs :
– Infrastructures insuffisantes : seulement 10 % du réseau routier est bitumé ; les vols domestiques restent irréguliers.
– Manque de visibilité internationale, en raison d’une promotion touristique encore limitée.
– Problèmes de qualité des services et de sécurité, qui freinent l’attractivité auprès des visiteurs à fort pouvoir d’achat.
6. Conclusion et perspectives
Dans un contexte économique fragile, le tourisme représente une opportunité stratégique pour Madagascar. Il offre une voie concrète vers une croissance inclusive, la création d’emplois durables et la réduction de la pauvreté.
Pour libérer pleinement son potentiel, il est recommandé de :
– Renforcer les infrastructures de transport (routier et aérien) ;
– Améliorer la qualité et la sécurité des services touristiques ;
– Intensifier la promotion touristique à l’international ;
– Stimuler l’investissement privé, en créant un environnement incitatif.
Avec une vision claire, des politiques publiques cohérentes et l’engagement de l’ensemble des acteurs, le tourisme peut devenir un véritable moteur de développement durable pour Madagascar.